TECHNIQUE ET MAO



PIANO NUMÉRIQUE OU CLAVIER MAÎTRE, IL FAUT CHOISIR !

Beaucoup de personnes équipées d'un classique piano numérique (de salon) se posent la question de ses possibilités en tant que clavier maître pilotant des appareils externes. Avec des limites que nous allons définir sur cette page, un piano numérique peut dans certaines situations se substituer à un clavier de commandes dans le cadre de la MAO (musique assistée par ordinateur).


LE PILOTAGE À BORD DU NUMÉRIQUE

La priorité indispensable : disposer de l'interface MIDI : In, Out, Thru. De nos jours, il est extrêmement rare qu'un piano numérique ne dispose pas au minimum des prises In et Out. Rappelons pour ceux qui n'auraient en aucun cas consulté la page "Le système MIDI expliqué au débutant", que le "Musical Instrument Digital Interface" ne traite pas de l'audio, mais correspond à un protocole de communication qui permet à un appareil d'en contrôler un autre. Partant de là, un piano numérique offre des possibilités d'enregistrement intéressantes avec une station audionumérique (ordinateur + séquenceur).

© daumcdn.net – Les classiques prises à 5 broches MIDI In, Out et Thru.

Le MIDI ouvre la voie à une communication avec d'autres instruments électroniques, vers des « banques de sons  » (expandeurs), pour commander et synchroniser une boîte à rythmes ou pour accroître sa bibliothèque sonore. Par contre, pour obtenir plus de souplesse, notamment si votre intention est d'agir dans le cadre d'un home studio pour de la production, avec un accroissement sensible de votre parc d'appareils (console, effets, logiciels...), un clavier de commande est nécessaire pour piloter de façon indépendante les diverses pièces maîtresses.

Dans le cas où vous ne seriez pas un pianiste, mais un multi-instrumentiste, le MIDI n'en devient que plus créatif en permettant de contrôler du matériel autre que des claviers, puisque présentement, l'interface équipe divers instruments électroniques à percussion et à vent, y compris des applications mobiles.


PIANO NUMÉRIQUE ET CLAVIER MAÎTRE, LA DIFFÉRENCE

Le premier avantage du piano numérique (de salon) vis-à-vis du clavier maître est d'avoir immédiatement sous la main plusieurs sonorités indépendantes, de disposer d'une amplification et de haut-parleurs intégrés, ce qui évite de recourir à un équipement externe possédant sensiblement les mêmes fonctions (expandeur + amplificateur + enceintes), mais avec toutefois des performances sonores et des possibilités techniques imposées.

Entre les deux extrêmes (piano numérique de salon et clavier maître), il existe les pianos de scène. À l'exemple de la série des Nord Piano, ceux-ci sont légèrement différents dans leur usage en ayant besoin d'une amplification externe (le signal utilise un ampli indépendant ou une sono, via une console), et sont donc, de fait, démunis de haut-parleurs intégrés. Par contre, contrairement au piano numérique de salon, outre des banques de sons à leur disposition, ils disposent fréquemment de capacités MIDI plus étendues afin de faciliter correctement la gestion d'un équipement conséquent.

Autre détail d'importance : l'usage des claviers de commande. Celui a évolué depuis quelques années et il existe désormais des modèles avec des tailles et des apparences qui se prêtent mieux à l'exigence des utilisateurs. Des claviers, comme l'Arturia KeyLab 88 MkII ou le Roland A88 MkII, présentent tous deux un clavier de piano aux touches pondérées et pourvu de marteaux. Ils conviendront particulièrement à un pianiste. D'autres modèles, équipés d'un clavier à ressort, égal ou inférieur à 60 touches, parfois de taille mini, serviront par exemple pour de la musique électro ou un usage occasionnel.

Par ailleurs, n'oublions pas les contrôleurs dotés de pads sensitifs et d'encodeurs rotatifs, comme le "MIDI Professional MPC Studio" d'Akai, que l'on rencontre habituellement entre les mains des DJs et des adeptes de musique électronique. Vous l'aurez certainement compris, les principales spécifications de ces instruments connectés sont de posséder une multitude de pads, de boutons et d'encodeurs qui peuvent être affectés à n'importe quelle tâche MIDI pour déclencher, par exemple, un pattern (correspondant à une brève séquence mise en boucle), un son, pour gérer un effet, etc.

© Roland – Le Roland GP 607 se présente comme un mini piano à queue numérique. Il est équipé de la technologie de modélisation SuperNATURAL Piano. Le clavier possède l'aftertouch et il est possible de splitter le clavier (prix constaté au 10/2023, env. 5 000 €).

En résumé, il existe ainsi des contrôleurs qui permettent à un pianiste, mais aussi à un « souffleur  » ou à un batteur d'exploiter le MIDI à leur convenance.


POUR ABORDER LE MIDI SEREINEMENT

Le MIDI détient un grand nombre de possibilités. Il est alors plus prudent de l'aborder sans précipitations. De ce fait, le piano numérique de salon demeure un excellent choix si vous vous aventurez à découvrir l'usage de l'interface comme une diversion occasionnelle. Les grandes marques que sont Casio, Kawai, Korg, Roland et Yamaha proposent des modèles de salon 88 touches, équipés MIDI (comprenant le support et la pédale forte), à partir de 600 €. De plus, pour favoriser la vente, les constructeurs offrent souvent des applications de cours partenaires visant à booster l'apprentissage. Dans tous les cas, l'important pour un novice est d'avoir une notice expliquant le mode d'emploi de l'instrument et surtout d'avoir un œil vigilant sur les possibilités offertes par l'interface MIDI dans le cas où vous envisageriez de l'utiliser plus tard (tableau d'implantation, schéma de raccordement...).

L'étape suivante, qui réclame quelques connaissances, intervient dès que l'on travaille avec une DAW afin de réaliser des orchestrations via un séquenceur. À ce niveau, il n'est pas rare d'avoir à déclencher en parallèle plusieurs événements : lancement d'une séquence, déclencher des arpèges manuellement via des pads ou une touche du clavier, utiliser en même temps les sonorités de plusieurs synthés, puis synchroniser une boite à rythmes et des unités d'effets : réverb, delay... Dès lors, le rôle du pianiste s'éloigne pour devenir un musicien travaillant dans un espace de home studio.

Dans ce cas, un clavier de commande est indispensable. Vous devez établir une configuration MIDI sophistiquée et fonctionnelle, ne nécessitant pas ou très peu de modification à l'usage. Cela signifie qu'une fois les circuits établis, vous n'avez plus à vous en occuper. La majorité des fonctions réagiront alors en épousant votre organisation de musicien/programmeur. Si tout a été bien pensé, votre "flux de travail" sera grandement amélioré.

© arturia.net – Le clavier maître Arturia "KeyLab Essential 88".


DES ÉVOLUTIONS EN VUE : MIDI 0.2, USB ET BLUETOOTH

Se présentant aux musiciens comme une révolution technique attendue, le standard du MIDI n'a guère évolué depuis les années 80. Puis, la version 2.0 est arrivée. Son avantage est d'offrir un meilleur timing et plus d'expressivité. Sachez que si votre instrument ne possède pas le MIDI 2.0, ce n'est pas dramatique, d'autant que le nombre d'échanges de données possibles avec le modèle standard laisse place à bien des audaces et que, d'autre part, la dernière version est toujours rétrocompatible.

© Jian Peng Cheng dhresource.com – Un exemple illustré de l'utilisation d'un câble convertisseur MIDI/USB.

Le MIDI n'est pas l'unique façon pour du matériel récent de communiquer. Une station audio numérique (DAW) connecté à un piano numérique ou à un synthé peut se réaliser via USB et Bluetooth. Il suffit alors d'appuyer simplement sur une touche pour entendre un son. Cependant, pour se connecter à un ordinateur portable, en principe, un pilote doit être installé. L'opération n'est pas difficile à réaliser, même si de nos jours, de nombreux produits sont conformes à la « norme  » et ne nécessite aucun logiciel supplémentaire. En allant plus loin dans le discours, le MIDI avec ses câbles spécifiques, sans être obsolète, a d'ailleurs tendance à être supplanté par l'USB sur les claviers électroniques récents, voire par le Bluetooth en supplément.

Toutefois, si vous devez utiliser des câbles MIDI à 5 broches, le point de départ est d'établir une connexion entre le port MIDI Out (la sortie du clavier) et le port MIDI In (l'entrée du matériel externe visé). Quand l'instrument possède le port Thru, celui-ci accepte une connexion de l'équipement en parallèle. Dans cette hypothèse, il suffit de connecter le port Thru du premier appareil au port In du suivant.

Avec le MIDI, le problème majeur est la latence si le matériel est branché en série au-delà de trois instruments, c'est pour cette raison qu'une installation en parallèle est préférable, avec l'utilisation d'un boîtier merge. Ensuite, l'autre limite tient dans l'exploitation des canaux MIDI qui se répartissent en 16 voies indépendantes par port. Dans les années 80, l'autre révolution était arrivée avec les premiers instruments multitimbraux, ce qui a ouvert la porte aux orchestrations en minimisant l'équipement (un seul synthé permettant, parfois, la réalisation d'une orchestration complète). Pour « dialoguer  », il est nécessaire que le clavier maître ou le piano numérique – habituellement placé par défaut sur le canal 1 – communique sur le même canal que l'autre instrument. Bien évidemment, le canal par défaut peut être changé et mémorisé.

Mais que se passe-t-il précisément quand j'appuie sur une touche, me direz-vous ? Lorsque vous enfoncez une touche, celle-ci adressera un message à votre appareil externe constitué d'une "Note On" suivie d'une autre en "Off". Ce message s'accompagne d'autres indications indispensables, à savoir la hauteur et la vélocité dans des valeurs s'étalant de 0 (inactif) à 127 (maximum).

Avec l'USB, c'est un peu différent. Il suffit de brancher un câble USB entre deux appareils pour commencer à fonctionner. Le net avantage de ce moyen est de transmettre de l'audio en même temps, ce que le MIDI est incapable de réaliser. Dans la pratique, cela signifie qu'il est possible d'enregistrer les sons provenant du clavier (ou de jouer des sons à partir d'un équipement externe via le système intégré de celui-ci).

Quant à Bluetooth, sa faiblesse tient dans sa latence à exécuter les ordres. Toutefois, cette mauvaise réputation risque fort de ne plus parler d'elle si votre instrument est un modèle récent. Le Bluetooth, c'est surtout utile dans une configuration faisant appel à des appareils mobiles (exemple Garageband sur iOS). Si Bluetooth n'est pas une option, des produits comme "IK Multimedia iRig MIDI 2" permettent de mélanger et d'assortir différents connecteurs MIDI et appareils mobiles. Par ailleurs, le Bluetooth peut être décevant, car certaines applications reposent sur des connexions préétablies au sein du système d'exploitation, tandis que d'autres insistent pour se connecter au sein du logiciel lui-même.

Enfin, si vous êtes équipé d'un matériel récent avec Mac OS, un excellent utilitaire appelé "Audio MIDI Setup" vient en aide pour configurer proprement l'implémentation MIDI, tandis que pour Windows, il faudra faire appel à "MIDI OX", un utilitaire extrêmement polyvalent.

par ELIAN JOUGLA (Piano Web – 10/2023)

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